Bonjour, ce serait pour... euh... un crédit?

Publié le par Ben

Mes chers amis,

 

Vous avez tous entendu parler de la récente décision de la Maison Blanche de lancer une politique crédible face à la crise économique mondiale que nous subissons. Le Trésor américain a en effet débloqué un somme astronomique de crédits (estimée entre 700 et 1000 milliards de dollars !) pour permettre aux banques de faire racheter leurs « créances pourries » (les junk bonds, ce sont en fait leurs créances à très fort risque) par le contribuable américain.

Cette somme, mes chers lecteurs, représente une hausse de 10% de la dette publique américaine, étalée sur deux ans (dette publique des USA fin 2007 : 9 111 milliards $). Alors, la solution est-elle disproportionnée par rapport au problème ? Et surtout : à quoi ressemble notre avenir économique ?

 

A court terme, l’effet est évident. Il suffit de regarder l’effet produit sur les bourses du monde entier pour s’en assurer. Le message antérieur donné par les pouvoirs publics était de dire que les banques trop preneuses de risques devaient maintenant assumer leurs responsabilités et leurs erreurs : il fallait laisser faire le marché. Cela a conduit a un gigantesque vent de panique et à une crise de confiance sans précédents, et nous avons eu le droit, depuis un an, à un « crash larvé » de toutes les bourses du monde. Mais aujourd’hui, même si l’euphorie n’est pas là, la confiance semble être revenue et le système boursier a cessé de jouer au yoyo. La réaction des actionnaires a été très nette, à l’annonce du Trésor américain.

Et puis, évidemment, c’était une mesure qui a permis de sauver une bonne partie des économies mondiales. Vous et moi savons que la croissance économique mondiale dépend en grande partie de l’investissement, c’est-à-dire de la capacité des banques à faire confiance aux entrepreneurs et à prendre des risques. Si le système bancaire américain –et mondial- avait du purger toutes ces créances douteuses par lui-même, la crise aurait été beaucoup plus longue… et douloureuse pour tout le monde.

 

A long terme maintenant, la question est plus délicate. Je suis de ceux qui pensent que l’été 2008 restera gravé dans l’histoire économique comme un tournant majeur. Depuis près de 20 ans, les pays occidentaux et asiatiques ont développé des systèmes boursiers et financiers dépourvus de toute régulation, et dotés de très peu de réglementations. En quelque sorte, ces plateformes ont été conçues selon l’utopie libérale de la toute puissance du marché libéré, sans aucun frein public. Et on voit bien le résultat : les excellents résultats boursiers sont clairement atténués par des cycles de crise accélérés, et des bulles financières de plus en plus fréquentes. A la vérité, un seul système financier a conservé un certain nombre de garde-fous et de réglementations : la France, qui, aujourd’hui, semble plus solide que ses congénères, malgré la très puissante Autorité des Marchés Financiers (AMF). Cela n’a pas empêché, par ailleurs, le CAC 40 de progresser davantage que Londres ces cinq dernières années.

Aussi pour moi, soyons clair : cette intervention du Trésor américain rappelle que bien souvent, l’Etat est nécessaire et que le marché seul ne résout pas tout les problèmes, loin de là. Il en crée même, parfois : la preuve.

 

Mais il y a aussi des points plus sombres au tableau. L’Etat américain, endetté à hauteur de 5% de son PIB (contre 3% pour la France, qui n’est pourtant pas mauvaise en ce domaine !), va creuser davantage encore son déficit. Les USA en 2008 sont tout simplement l’Etat industrialisé le plus endetté de toute l’histoire économique mondiale*.

 

Et ça pose un gros souci.

 

Je ne souhaite pas entrer dans les détails, car je ne m’y connais pas bien et que ce serait très long pour ce que j’en sais. Mais disons simplement que la dette américaine est financée par un grand nombre d’étrangers (et entre autres, par la Chine) : pour résumer, ces gens là gagnent de l’argent grâce aux intérêts de la dette publique des USA. Et si demain, le dollar commence à chuter, alors les revenus de ces prêteurs diminueront sensiblement. L’Etat américain, asphyxié, n’aura plus qu’à rembourser ses dettes et laisser l’euro remplacer le dollar comme monnaie de référence mondiale. Car plus personne ne voudra leur prêter quoi que ce soit.

 

Comme disait l’économiste B. Soulage : « Il y a deux bombes à retardement dans le placard américain. Son marché hypothécaire, et les créances accumulées sur le Trésor. »

 

 

Ben

 

PS : Je ne résiste pas de vous donner cette parole d’un économiste, qui, il me semble, se nomme Olivier Plastré : « Après tout, c’est à cause des pauvres non solvables, que cette crise s’est déclenchée. Heureusement, il y a une morale dans le capitalisme : ce sont les pauvres qui paieront pour la réparer. »


PPS : Je prévois d'améliorer prochainement le tutorial sur les subprimes, qui est à la fois mal écrit, et parfois imprécis. Pas de panique! Car rien n'est facile avec une "connexion alternative"... 

 

* Si un commentateur pouvait vérifier…

Publié dans Economie

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L
Excellent billet, je vais ajouter la référence sur ma note à propos des blogs modem qu évoquent la crise financière
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