La classe moyenne Française essouflée
Mes chers lecteurs,
Nous nous retrouvons donc après une petite absence (oups ! Vivement que Numéquitable installe une connexion sous mon toit !) pour parler, aujourd’hui, de ces fameuses classes moyennes.
C’est quoi, la classe moyenne ?
Le concept est, je l’avoue, extrêmement flou. Flou à ce point que le PS et l’UMP s’étaient longuement disputés sur cette notion. A propos des ménages au revenu avoisinant les 4000€, les uns parlaient de « favorisés », les autres de « classe moyenne »…
Les analystes considèrent de leur côté, que la classe moyenne est un ensemble vague, concernant tout aussi bien l’ouvrier en fin de carrière (ayant fini d’acheter son pavillon de banlieue) que l’instituteur, l’infirmière ou le cadre d’une PME en début de carrière.
L’existence de cette catégorie « moumou » un peu fourre-tout est source de flou : 45% des actifs estiment en faire partie. L’analyse traditionnelle d’une société où les classes sont étanchement séparées ne semble pas capable de résoudre le dilemme de la définition des classes moyennes. A titre personnel, j’ai tendance à croire que le revenu ne suffit pas à la définition : il y a aussi un « état d’esprit » qui lui correspond, valorisant l’éducation, cherchant surtout à se distinguer des « prolos » sans paraître « nouveau riche »… bref : une classe qui n’a pas d’identité propre, mais qui existe parce qu’elle pense exister. Elle valorise davantage l’individu que la classe de cet individu.
Mais s’il y a un point sur lequel tous les économistes et sociologues s’accordent, c’est bien celui affirmant que les classes moyennes ne bénéficient ni de prestations sociales, ni de remises d’impôts. Et je voudrais me permettre – avec tout le respect que je vous dois, chers lecteurs – en tant qu’honorable membre de cette « classe moyenne », d’exprimer ce que je ressens de plus en plus comme une injustice profonde dans notre pays :
Y EN A MARRE !
Je le vis au jour le jour en tant qu’étudiant (radin, peut-être ?) qui est trop riche pour avoir une bourse, assez pour payer des impôts (mes parents) et pas assez pour payer ses études. Je vis aujourd’hui, en bossant pour m’en sortir, moins bien qu’un étudiant boursier aux revenus en théorie assez inférieurs. Il y a dans ce système une injustice, je trouve, quand bien même il est effectivement nécessaire d’aider les plus démunis d’entre nous.
Il est sans doute, en ces temps difficiles, osé de se plaindre. Mais je voudrais manifester un agacement profond envers un système boursier dans lequel ceux qui bénéficient d’aides en toute justice se retrouvent avec des revenus supérieurs à ceux des étudiants dont la famille participe à la solidarité nationale. Exemple : à son inscription à Sciences Po Grenoble, un élève boursier paie 20€, et l’élève « bateau » paie 1050€, le tout en une fois. Dans les dents !
Et de manière plus générale, pour revenir au sujet du jour, je voudrais vous faire part de mon inquiétude vis-à-vis des classes moyennes françaises. L’effort fiscal du pays exploite très largement les classes moyennes, et leur fait bénéficier de très peu d’aides. Ce sont les classes moyennes françaises qui ont toujours soutenu la fameuse « consommation des ménages », et de manière plus flagrante encore ces dix dernières années. Mais à quel prix ? Car l’endettement de cette catégorie a poussé ses ressources à bout, conduisant à la brusque chute de la consommation de cette année. La preuve en est par les statistiques nationales sur l’endettement, qui atteignait les deux tiers du revenu disponible en 2006. A l’heure les possibilités bancaires sont de plus en plus réduites, il ne faut donc plus s’étonner du ralentissement économique. Si l’Etat n’agit pas rapidement afin de rééquilibrer l’effort fiscal, la société continuera d’évoluer vers une bipolarisation sociale et avec elle, la diminution des ressources publiques. Car une société dans laquelle les classes moyennes sont épuisées est vouée à l’échec : ni les classes populaires, ni les classes aisées (qui fuient les impôts) ne pourront seules tolérer l’effort national.
Attention…
Ben