Convention sur l'Europe du MoDem : Résumé Général

Publié le par Ben

[Notez qu'il s'agit ici d'un compte-rendu synthétique, de ce qu'il ressort en grandes idées de la rencontre. Peut-être reviendrai-je sur un ou deux débats qui m'ont marqué. On verra bien ;) ! ]

Etaient présents, en plus de Marielle de Sarnez et de François Bayrou :

 

Gérard Deprez, Membre belge du Parlement Européen - Président de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures
Sandro Gozi, MPE Italien
Jérôme Vignon, président des Semaines Sociales de France
Emmanuel Todd, historien, sociologue et démographe essayiste
Anne Laperrouse, MPE Française, cadre du MoDem
Jean-Marie Beaupuy, MPE Français, cadre du MoDem
Eva Joly, conseillère spéciale anti-corruption et anti-blanchiment au NORAD
Jean-Luc Bennahamias, MPE Français
Tom Brake,  MPE du Royaume-Uni, assistant de Nick Clegg (Libdem anglais)
Jean-Luc Domenach, sinologue
Nathalie Griesbeck, MPE Français
Bernard Lehideux, MPE Français, cadre du MoDem
Marcel Mazoyer, ingénieur agronome
Jean Peyrelevade, cadre du MoDem (« monsieur finances » du parti !!)

… et un petit millier de militants !

 

Cette convention a permis de dégager un certain nombre de constats, dont le plus flagrant est celui qu’il existe un vrai modèle européen. Un modèle social, où l’Etat intervient beaucoup plus que partout ailleurs (à hauteur d’un tiers du PIB), y compris en Grande-Bretagne. Un modèle social de solidarité (qui cherche à la fois à faire reculer les inégalités et à permettre aux individus de défendre leurs droits libéraux et sociaux) à mi-chemin entre crise et réussite. Crise, pour sa démographie et son peuple vieillissant : sous quelques décennies, le continent comptera 53 millions de travailleurs en moins, et son pourcentage de personnes âgées dans la population aura triplé ; crise aussi, pour son économie, qui ne semble pas arriver à atteindre une croissance convenable depuis une dizaine d’années, malgré de nombreuses tentatives de réformes. Mais il y a aussi des réussites. Une réussite humaine d’abord, avec l’avènement de la paix sur tout un continent : une première historique, et durable. Une réussite monétaire ensuite, puisqu’en quelques années à peine, l’Euro est devenue la plus forte monnaie de la planète, malgré les discours apocalyptiques qui ont marqué son avènement. Elle est aujourd’hui une référence sur toute la planète, et a permis à l’Europe d’être plus respectée qu’auparavant sur la scène mondiale, et plus crédible. Et puis, l’Europe a su montrer qu’elle était malgré tout capable de créer une économie dynamique : c’est la première puissance commerciale du monde, de très loin.

Ce modèle est aujourd’hui incarné par l’Union Européenne, dont la construction s’est conduite par traités successifs depuis une soixantaine d’années : il s’agit là d’une première historique, d’une Organisation Internationale hors normes. Cette construction a été impulsée et conduite par les grands partis démocrates-chrétiens de l’Europe dans sa quasi totalité. Ils ont une légitimité historique évidente à traiter de ce sujet.

 

Mais ce modèle est aujourd’hui victime d’un désamour croissant de ses propres citoyens. Alors qu’il est admiré partout dans le monde, le ressentiment provient de l’intérieur. François Bayrou parle même de « chaos » depuis le NON Français de 2005 : cette semaine, par exemple, l’Irlande va peut-être voter NON au référendum sur le Traité de Lisbonne, mettant ainsi tout le monde dans l’impasse… Le constat de son manque de démocratie est aussi fait. Ce n’est pas le système en lui-même qui provoque cela : c’est ce que l’on en a fait. Qui peut dire sur quoi légifère aujourd’hui même le Parlement Européen ? La commission ? Le Conseil ? Qui peut dire quel est précisément le rôle de ces institutions ?

Et qui peut dire ici qu’il peut y avoir une démocratie sans information ? Il est d’ailleurs amusant de noter que la plus grande chaîne européenne en termes d’audience (TF1) est aussi la seule grande chaîne à ne pas posséder de correspondant permanent à Bruxelles… Il faut donc changer la ligne de l’Union, la faire respirer. Il faut refonder l’Europe, lui donner de nouveaux objectifs, pour la rapprocher des citoyens. C'est là notre diagnostic.

Vers une défense de l'Europe sociale et environnementale
Le grand problème de la mondialisation est qu'elle possède un certain nombre d'effets pervers! Entre autres, il suffit que l'Etat fasse payer beaucoup d'impôts à ses entreprises pour des raisons de solidarité ou d'écologie pour les inciter à délocaliser vers des pays plus avantageux pour elles. Il faut se protéger d'un tel cercle viscieux. Pour défendre notre modèle social (qui, comme on l'a vu, existe en commun aux 27!) et pour engager de vraies politiques environnementales nationales et européennes, il faut que l'Europe, qui négocie au nom de tous ses membres à l'OMC, empêche toute réforme contraire à cet aspect. Et si possible, qu'elle fasse des propositions pour mettre fin à ces dumpings. Cela veut aussi dire que les démocrates nouvellement élus au Parlement Européen refuseraient l'élection ou la réélection d'une Commission dont le seul credo et la seule politique est la concurrence. La concurrence est une bonne chose (Cf. Grande Distribution Française) mais ce n'est pas une fin en soi. Ce n'est pas la concurrence qui règlera les problèmes pétroliers ou agricoles, les problèmes du pouvoir d'achat. Il faut un renouveau de la politique européenne qui soit plus proche des attentes des citoyens : un Europe plus sociale.

Vers une Europe plus écologique
Nous vivons un moment historique. Après des décennies de prospérité, tout notre système de consommation est chamboulé : l'énergie va redevenir rare et chère. Cela n'était plus arrivé depuis l'ère médiévale. Ce phénomène est inéluctable et risque de s'accentuer : car les énergies sont indexées les unes sur les autres (si le pétrole augmente, le gaz aussi, etc.). Et le système de l'offre et de la demande sur la scène internationale conduira fatalement au même résultat, dès lors que l'on dépend du marché mondial pour l'énergie. Par exemple : si l'on augmente la dose de nucléaire, c'est l'uranium qui deviendra plus cher. Etc... Cette tendance, après ce que je viens d'expliquer sur la défense de notre modèle, doit devenir un avantage pour l'Europe : elle doit relever le challenge, et apprendre à produire sa propre énergie. Elle doit prendre le leadership international en matière d'environnement, et pousser les autres nations à s'intéresser aux problèmes climatiques. Elle doit aussi développer un nouveau système économique de croissance durable, et favoriser les énergies renouvelables. Elle pourra peut-être même profiter d'un phénomène de relocalisation, après avoir subi pendant des années les délocalisations : sous l'effet de la hausse des carburants, il va peut-être devenir plus avantageux de fabriquer les produits sur place plutôt que de les transporter autour de la planète.

La prise en compte du problème démographique
L'Europe aura à prendre en compte ses propres difficultés quant au vieillissement de sa population. Pour rester un continent vivant, elle aura besoin de l'immigration. Dans un contexte politique général difficle (et de politique européenne clairement restrictive), les démocrates défendront cette vision de l'avenir de l'Europe, qui doit rester jeune. Pour cela, ils proposent d'avoir recours à l'immigration modérée sous quelques années. Car une immigration massive conduit fatalement à la déstabilisation d'une société ; elle développe les ressentiments xénophobes et les replis des nations sur elles-mêmes. C'est pourquoi selon nous, l'Europe, symbole d'ouverture, doit s'emparer de ce problème par elle-même, au-delà des nations. Les gouvernements nationaux ne doivent plus décider seuls. "Jamais dans l'histoire des hommes, une puissance vieillissante et riche n'a survécu lorsqu'elle était entourée de régions jeunes et pauvres", rappelle F. Bayrou dans son discours de clôture. Même si la situation économique peut paraître ne pas s'y prêter, il faut comprendre l'intérêt de cette politique fixée sur le long terme. Elle devra s'accompagner d'une lutte intense contre tous les trafics illégaux qui tournent autour ce problème, dont la lutte intense contre les "passeurs", qui sont la véritable origine du problème.

Vers une Europe ouverte au monde et volontariste
Tout comme elle demande le respect de son propre modèle, pour être crédible et par souci d'équilibre mondial, l'Europe doit permettre aux pays étrangers, et entre autres africains, de mieux se développer. Le MoDem propose par exemple une refonte de la Politique Agricole Commune. Celle-ci permet aux agriculteurs de revendre leurs produits alimentaires sur les marchés africains, à des prix très bas (grâce aux subventions). Cela empêche les autochtones de développer leurs propres moyens de production : à la première crise venue, c'est la famine et la misère. Il faut permettre aux agriculteurs africains de se développer : il faut une nouvelle PAC. Il faut aussi lutter contre la corruption internationale. Avec la complicité des grandes firmes internationales et de certains chefs d'Etat locaux très peu scrupuleux et corrompus, un vaste réseau s'est installé, où les Etats africains perdent des dizaines de milliards d'euros en raison de la corruption et du détournement de biens publics. Cet argent est retrouvé dans des comptes en Suisse, au Lichtenstein, dans on-ne-sait-quelles-îles, mais aussi en France, en Allemagne ou en Angleterre. Il faut que l'Europe intervienne et se décide enfin à lutter contre cet tendance. Un tel combat ne peut intervenir à l'échelle des nations où les pressions politiques (et les "intérêts nationaux") sont trop omnipotents. L'Europe peut agir à son échelle, en s'imposant plus franchement, voire en créant une juridiction internationale pour contraindre ses membres à refuser ce système. Je vous renvoie au brillant exposé d'Eva Joly, qui a mis toute la salle en larmes.

>> Au fil de cet exercice, je me rends compte qu'il est littéralement impossible de tout dire... c'est déjà beaucoup trop!!! Que ceux qui y étaient aussi m'aident par leurs commentaires!

Ben


Publié dans Europe

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F
Bande de commères ! Du coup je transforme même le "temps" en "remps"! ..sans ramper quand même ;))) Sofi ne s'est sans doute pas remise de mon passage...électrique! ;)))
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B
Oouuuuh que oui! Une tragédie comme Racine n'en écrira jamais!!!! Heureusement que nous étions là pour mettre un peu d'animation dans le désespoir de cette pauvre Sophie lol
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T
@ Chantal ! Même à distance tu me fais trop rire !TOI parler de piles et d'énergie ! Tu te rappelles comme moi Ben de ces scènes paranormales ! Chantal et l'électricité c'est un roman ! ;-)))))))))
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F
Oui, chapeau Ben, moi je n'ai pas eu le courage (ni le remps) de le faire. de plus, comme j'ai vu que les vidéos  étaient en ligne, je me suis "déculpabilisée" !;)) Je pense aux photos,promis, mais les heures défilent comme des secondes en ce moment, je ne sais pas ce qui se passe...aurais-je aussi détraqué le temps ? Décidément, je vais un peu décharger mes piles !;)))) Bises, Chantal
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T
Ton compte rendu, cher Ben, est fidèle à ce que j'ai pu entendre. Félicitations pour cette excellente synthèse rédigée en un temps record ! ^^
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