Le Chambellan fanfaron

Publié le par Ben



Bonjour à tous!

Lemonde.fr d'annoncer Lundi matin :

"François Fillon réaffirme que le gouvernement tiendra le cap des réformes sans plan de rigueur".

Invité il y a quelques jours au 20h de TF1, le Premier ministre a assuré qu'il tiendrait le cap des réformes, mais avec une "gestion sérieuse" des dépenses. Il a mis en avant la baisse du chômage et la hausse de la consommation des ménages le mois dernier pour rappeler qu'"il n'y a pas que des mauvaises nouvelles, dans l'économie".
En vérité, il est évident que la situation n'est pas bonne pour autant : elle est moins mauvaise que prévu, voilà tout.
Il faut tout d'abord noter que le chômage baisse naturellement depuis plusieurs mois, pour des raisons démographiques. La génération du baby-boom d'après 1945 commence à partir à la retraite. Cela se voit sur la pyramide des âges : une grande partie de la population est en train de passer dans le giron de la soixantaine.

Source : www.ined.fr

J'en ai déjà parlé dans cet article. La baisse du chômage, ça n'est pas grâce au sourire jauni de notre Premier Ministre : c'est démographique. Du moins, dans les proportions minimes que nous pouvons constater par les temps qui courent.
Qui plus est, que le Premier Ministre se vante d'une hausse de la consommation des ménages relève aussi de la duperie. Quand on connaît les difficultés qu'ont eu les ménages à boucler le mois de Janvier suite aux fêtes de fin d'année, il est normal que la consommation ait à nouveau augmenté en Février. "Augmenter" ne veut rien dire en soi : il s'agit de voir son niveau "absolu", par rapport à sa moyenne sur le long terme. Or, ce que l'on constate, c'est qu'elle est simplement revenue à son niveau de Novembre. Case départ, donc. Et pour monsieur le Premier Ministre, aucun mérite.
Enfin, le chef du gouvernement parle aussi, comme je l'ai dit, de "gestion sérieuse" des dépenses. Comme tous les analystes et économistes l'ont fait remarquer, dans la crise que nous sommes en train de vivre, trois solutions étaient envisageables pour le gouvernement :
- lancer un plan de rigueur en augmentant les impôts et en préservant les finances publiques (c'est-à-dire en revenant sur le pacquet fiscal voire en augmentant la TVA).
- aider à la consommation et laisser courrir le déficit (c'est-à-dire en redistribuant davantage).
- aider à soutenir l'offre et laisser courrir le déficit (c'est-à-dire aider les entreprises à rester compétitives).

En refusant la première solution, le gouvernement choisit l'une des deux autres. Il décide donc de laisser courrir le déficit. C'est ce que le Premier Ministre appelle la "gestion sérieuse" des dépenses publiques. Etrange, lorsque l'on sait qu'en Allemagne, Merkel et sa grande coalition gauche/droite ont choisi la rigueur et l'augmentation de la TVA. L'Allemagne n'a pas cédé à la facilité politicienne ; et elle affiche pour l'année 2006 un excédent budgétaire de 10 millions d'euros pour une croissance supérieure à la France, alors que notre déficit continue de se creuser.
La gouffre déficitaire Français est déjà trop important, (allez voir ici), mais pourtant, le gouvernement a décidé de continuer à s'endetter. Le plus drôle dans l'histoire est sans doute là :

"La France est en faillite".

(F. Fillon, Septembre 2007)

Notre Premier Ministre est un fanfaron. En 2005, il rédigeait La France peut supporter la vérité, ouvrage dans lequel il proclamait très clairement son intention de supprimer le poste de premier ministre, qu'il occupe désormais. Poste qui, d'ailleurs, lui permet d'avoir le vent en poupe face au Président, et de commencer les réformes.

Il est malsain, dans une démocratie, d'être populaire alors que l'on ne fait rien : c'est pourtant le cas du Chambellan de Sarkoléon. Nous verrons, puisqu'il a enfin décidé de prendre le relai, si face à une gauche remontée et des médias sceptiques, il saura s'imposer aussi bien que son Président de patron.

Il y a pourtant un point positif dans l'affaire : pour la première fois dans l'Histoire de la République Sarkozienne, nous avons un gouvernement. Qui sait, bientôt, peut-être aussi une Assemblée?!

Ben

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Publié dans Politique

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B
Oups...Je me suis rendu compte, en regardant le journal de 20h (de FRANCE 2, et j'insiste!), que le gouvernement lançait ses projets de réforme de l'Etat. En retardant la publication, j'aurais pu éclaircir ce point.Le gouvernement annonce des économies mais celles-ci ne se feront pas dans le cadre des réformes du SYSTEME ECONOMIQUE. Ils vont les réaliser en modernisant l'administration ou en licenciant des fonctionnaires ; il s'agit d'une réforme de l'Etat, pas d'une réforme structurelle de notre économie.A titre personnel, je suis convaincu que ça ne changera rien à la tendance française de déficit. Le gouvernement nous avait promis une croissance économique de 2,5%, et elle est estimée à 1,8% ; aujourd'hui, le gouvernement prévoit le retour à l'équilibre budgétaire en 2012, mais je n'y crois pas....
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