Et si on se bougeait?
MODEM : A LA REFORME !
Appel à François Bayrou
Bonjour à tous !
De manière évidente, une large partie de la classe politique semble déterminée à considérer Bayrou comme mort. Le leader centriste, qui a sans doute fait preuve d’un panache exagéré lors de ces élections municipales, est en effet fortement atteint par sa défaite à Pau. Médiatiquement, entendons.
Son image n’en ressortira probablement pas indemne à court terme. Suite au premier tour raté des présidentielles, à un entre-deux tours pour le moins chaotique et finalement, à ces élections municipales avec un MoDem invisible, nul doute qu’il vient d’endosser le costume du parfait looser, d’un Poulidor de la politique.
Bayrou vient de se tirer une balle dans le pied pour rester fidèle à ses convictions. Déterminé, il a refusé d’adopter au système qu’il combat juste pour sa survie à court terme. Sous la veste de looser, qui tombera j’en suis certain, avec l’usure du temps, se cache l’armure de l’homme honnête. Car voilà une chose certaine : nul ne pourra dire que cet homme là est un hypocrite qui ne pense pas un mot de ce qu’il dit.
Il a, comme tous, une haute idée de lui-même, une fierté sans pareille, et des aspirations à la grandeur, certes. Mais il vient, par deux fois, de refuser de céder le moindre début de cheveu à ses principes ; il a, par deux fois, accepté de perdre au nom de ses idées. Ca n’est pas suicidaire : c’est de l’abnégation. Ca n’est pas calculateur : c’est juste honnête.
Dès lors, il va s’agir de découvrir vers quoi doit se diriger cette honnêteté, et quels axes d’actions le MoDem s’apprête à emprunter en vue de la prise du pouvoir. Un parti a pour rôle la représentation d’idées (1), dans le cadre d’une structure hiérarchisée et dotée d’un personnel compétent (2). Qu’en est-il du Mouvement Démocrate ?
1) L’impérieuse nécessité de l’émergence d’un programme fort et clair
Tout d’abord, il faut bien remarquer qu’un parti indiquant à ses électeurs qu’il ne sait pas trop ce qu’il fera, mais qu’il verra bien en fonction de ses alliances entre les deux tours, et qui se ferait élire sans programme, ne peut en aucun cas être sain pour la démocratie. Le centre de 2007 a quelque peu donné cette impression, en raison de la volonté de désendettement affichée par Bayrou, qui le contraignait à un programme serré. Mais il est évident que le candidat n’a pas su exposer clairement sa volonté de façon organisée et claire (Je veux ceci, cela ; premièrement, deuxièmement… etc.).
Il faut donc remédier à ce problème en élaborant un projet dont la clarté le rendra accessible à tous, d’une part, et à l’identité forte d’autre part, afin de bien se démarquer des deux autres protagonistes.
La clarté ne dépendra que de la pédagogie dont les leaders du parti feront preuve. L’exemple de la dette en 2007 fut à ce titre assez exemplaire, quoique les enjeux en ont été sous-estimés par la suite. Il faudra dépasser le discours traditionnel du rassemblement, et être capable d’exposer un programme clair et synthétique (par exemple, 100 propositions) dans tous les domaines.
Ainsi, il ne faudra pas se contenter de dire que « De toutes façons, on ne peut pas empêcher les pauvres de rejoindre les riches » (F. Bayrou, 8 Mars 2007, Annecy), mais proposer de vraies alternatives en matière d’immigration, en l’occurrence.
En ce qui concerne l’identité de ce programme, la chose est plus complexe. Il doit être lié au socle, à l’identité du nouveau parti. Le centre doit puiser son originalité dans sa liberté : il doit la rappeler en permanence. Il doit mêler des éléments dits de gauche et dits de droite : il a les possibilités de créer de vraies dynamiques novatrices. Mais il doit trouver une cohérence. C’est la condition sine qua non à la pérennité d’un programme : si l’on se contente d’y placer un peu de droite et un peu de gauche, il n’y a guère d’espoir qu’il incarne une vraie alternative, solide et rassurante.
En ce sens, j’ai la conviction qu’un large travail de prospective, et de rencontre avec les fonctionnaires, ouvriers, employés, cadres, patrons, actionnaires – que sais-je !-, toutes les classes sociales de la nation, permettra de mieux cerner les maux de ce pays. Plus important encore, il aboutira à une vision pragmatique de ceux-ci. C’est l’une des forces majeures du centre, je le répète : il est libre, il n’est pas étouffé ou bloqué par une quelconque notion de gauche ou notion de droite. C’est ce qui doit faire sa force : il peut tout se permettre.
Je ne m’étendrai toutefois pas sur le contenu même d’un tel programme, par manque de temps. La recherche de ce « socle » de base, qui rassembla les différentes écoles d’idées du parti, devant être, à mon sens, le fédéralisme européen.
2) L’urgence absolue de l’émergence de cadres médiatiques
Partant, il faut par ailleurs bien comprendre que le parti ne pourra pas, à long terme, se contenter de François Bayrou et Marielle De Sarnez pour défendre ses intérêts. Nous avons réellement besoin de retrouver, à l’image de l’UMP ou du PS, un certain nombre de « lieutenants », personnalités capables d’intervenir auprès des médias (donc de « faire passer le message »), et de se faire élire plus facilement que de simples chefs de section grâce à leur notoriété.
L’émergence de telles personnalités ne s’effectuera qu’à la condition d’un respect retrouvé de la hiérarchie en place. Encore aux municipales, la situation angevine, que j’ai surveillé de loin, m’a affligé, de ce point de vue : le chef de section local (L. Gérault) a établi un projet en commun avec le candidat de la droite (C. Béchu), avec le soutien de Bayrou ; a contrario, une autre militante a décidé de mener une fronde en rejoignant le candidat sortant PS (J.-C. Antonini), soutenu par la n°2 du MoDem, C. Lagarde ! Il est très visiblement temps de retrouver une cohérence globale dans le parti, avec un vrai contrôle provenant du haut, et une vraie hiérarchie capable de faire descendre des ordres. Car quoiqu’on en dise, il faut des ordres. Il y a des limites à la souplesse locale : à force d’être ouvert, on finit par devenir un parti-passoire. Et une telle entité est vouée à la disparition.
Et puis enfin, il faut aussi noter l’importance de posséder, à l’image des deux grands partis, une capacité d’expertise. Ceux-ci possèdent en leur sein des spécialistes en tous genres, dans tous les domaines : communication, environnement et écologie, économistes, sociologues, juristes… Le MoDem doit lui aussi trouver ce personnel. A cette condition, et à cette condition seulement, il sera capable de relever les vrais défis du XXIè siècle à venir. Il mettra de son côté la connaissance et les meilleurs fruits du système éducatif français et de l’élite républicaine.
Le score de François Bayrou a permis au parti d’être plus riche que l’UDF ne l’avait jamais été. La vague de militants enthousiastes, conquis lors des présidentielles, va permettre de répandre le message démocrate sur tout le territoire. Personne n’en doute, le MoDem peut devenir un grand parti, s’il sait appliquer ces réformes internes :
- un programme simple et clair, adapté aux aspirations des français, représentatif des valeurs communes à tous les démocrates
- un parti restructuré et hiérarchisé, dans lequel les consignes et l’autorité sont respectées
- l’émergence de vrais cadres, afin de casser l’image solitaire de Bayrou et De Sarnez
- un parti doté d’experts et de scientifiques, capable de répondre aux grandes questions contemporaines comme la mondialisation, ou l’environnement
- un parti doté de cadres fidèles, capable, s’il le faut, de gouverner seul pour mieux s’imposer : qui aurait peur d’un parti qui dépend des autres ?
Bayrou semble (enfin) avoir compris l’ampleur de ces enjeux. Il a en effet annoncé dans un entretien à Libération.fr, qu’il allait lancer un travail programmatique et organisationnel. La tâche à accomplir est énorme. Mais les attentes le sont plus encore. Car au fond d’eux-mêmes, les français savent qu’il y a encore une opportunité politique qu’ils n’ont pas saisie depuis 1974.
Nous avons trois ans.
Ben